16 mars 2009
Candidature ?! le paysagiste, maître ET esclave !
Se produire soi-même est en passe de devenir l’occupation dominante d’une société où la production est devenue sans objet. De là le spectacle de tous ces jeunes diplômés qui s’entraînent à sourire pour leur entretien
d’embauche, qui apprennent l’anglais pour booster leur carrière, qui font des stages de théâtre pour devenir des leaders. Le grouillement de tout ce petit monde qui attend avec impatience d’être sélectionné en s’entraînant à être naturel relève d’une tentative de sauvetage de l’ordre du travail par une éthique de la mobilisation. Être mobilisé, c’est se rapporter au travail non comme activité, mais comme possibilité. Si le chômeur qui s’enlève ses piercings, va chez le coiffeur et fait des «projets » travaille bel et bien « à son employabilité », comme on dit, c’est qu’il témoigne par là de sa mobilisation. La mobilisation, c’est ce léger
décollement par rapport à soi, ce minime arrachement à ce qui nous constitue, cette condition d’étrangeté à partir de quoi le Moi peut-être pris comme objet de travail, à partir de quoi il devient possible de se vendre soi et non sa force de travail, de se faire rémunérer non pour ce que l’on fait, mais pour ce que l’on est, pour notre exquise maîtrise des codes sociaux, nos talents relationnels, notre sourire ou notre façon de présenter. C’est
la nouvelle norme de socialisation. La mobilisation opère la fusion des deux pôles contradictoires du travail : ici, on participe à son exploitation, et l’on exploite toute participation.
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